A 4,86 milles marins de la Pointe du Raz, à une heure de bateau de l'embarcadère d'Audierne(SainteEvette), l'île de Sein possède des caractéristiques géographiques d'insularité extrêmes par sa toute petite taille et son double isolement. Elle est isolée du fait de son éloignement du continent en bateau, dont le service n'est assuré l'hiver qu'une fois par jour dans le meilleur des cas. Elle est isolée aussi par une mer des plus dangereuses.
Le point culminant de l'île se situe à six mètres au-dessus de la mer, l'altitude moyenne n'étant guère supérieure à un mètre cinquante ! Fragile radeau de pierre et de sable, la moindre variation du niveau marin peut à jamais la faire disparaître sous les eaux. L'île fut d'ailleurs submergée à plusieurs reprises. En 1868, par exemple, tous les habitants durent se réfugier sur les toits et dans le clocher de l'église en attendant que les eaux se retirent. Malgré sa fragilité et la peur qu'elle inspire souvent, Sein et ses 357 habitants continue de vivre depuis des centaines d'années.
Mentionnée
dès l'Antiquité par le géographe romain Ompinius Mela sous le nom d'lnsula
Sena, l'île aurait été le centre de culture druidique dirigé par les prophétesses
sacrées.
Au XIXe siècle, elle est désignée dans le cartulaire de Landévennec sous
le nom de Sedhun. Au cours du Xviiie siècle, Sein fut l'objet de plusieurs
campagnes d'évangélisation menées par le père Jésuite Julien Maunoir, accompagné
de Dom Michel Le Nobletz.
Suite à une épidémie de choléra qui décima là population de l'île à la fin du XIXe siècle, les Sénanes adoptèrent en signe de deuil perpétuel la couleur noire pour leur costume traditionnel.
En 1960 fut inauguré, en présence du Général de Gaulle alors Président de la République, le monument de René Quillivic rappelant la participation des îliens dans la Résistance et notamment leur départ en nombre pour Londres en juin 1940. Figurant une croix de Lorraine, le monument représente un pêcheur en Kapo-Braz (cape de travail en lin), debout sur un socle portant l'inscription en breton "Kentoc'h Mervel" (Plutôt mourir).
Il faut dire que l'île entière participa à la Libération. Après l'appel du 18 juin, tous les hommes valides quittèrent Sein pour l'Angleterre. Au total, 150 hommes prirent le large : il n'en revint que l14.
On raconte qu'en juillet 1940, alors que le Général de Gaulle passait en revue ses 600 premiers hommes, il leur demanda leur origine. 150 répondirent "de l'île de Sein". Etonné, il se serait alors exclamé : "Sein est-il donc le quart de la France ?"
Dans le prolongement ouest de l'île, s'aligne vers le large sur une dizaine de kilomètres toute une chaîne de récifs nomiuée Chaussée de Sein. C'est sur l'un de ces écueils, à 12 km de l'île, que fut élevé de 1867 à 1881, avec d'extrêmes difficultés, le phare d'Ar Men. On peut lire la prodigieuse épopée qui aboutit à la construction du phare dans le livre d'Henri Queffélec Un feu s'allume sur la mer (1959). Dans un récit émouvant intitulé modestement Ar Men (1967), JeanPierre Abraham fait revivre son expérience de gardien de phare désormais automatisé. De tout temps, l'activité économique de Sein a été la pêche. La moitié des pêcheurs sont restés fidèles à la traditionnelle pêche hauturière : ce sont des pêcheurs "nomades" qui partent pour des campagnes de pêche de trois à quatre mois. Les autres se consacrent, sur l'île, à la pêche aux crustacés ; homards et langoustes. Ayant misé sur le tourisme saisonnier, Sein a su conserver sur sa surface réduite de 60 ha, ses paysages intacts, en particulier l'ancien parcellaire agraire délimité par des murs de galets.
Sur le port, les maisons blanches aux volets de couleurs, séparées par d'étroites ruelles pittoresques, forment un complexe architectural parfaitement adapté à un site exposé aux tempêtes. Près du phare de Men Brial, on remarque les bâtiments de l'ancien Abri du Marin. A proximité de l'église Saint-Corentin se trouvent deux menhirs nommés les Prégouriens (les causeurs).
Ile de légende et île d'histoire, Sein apparaît souvent comme ce qui reste de l'Atlantide émergée de la celte abyssale, Elle attire les romanciers et les cinéastes. Depuis les années 30, les films tournés sur l'île sont à la fois nombreux (plus de 14 films d'inspirations différentes) et tournés par des réalisateurs très divers. Très récemment (en mai 1994), l'équipe de Jean Becker a fait participer les Sénans comme figurants auprès de Gérard Depardieu et Vanessa Paradis pour le film "Elisa". Etant donné la faible superficie de l'île, aucun circuit n'est présenté dans le guide. Chacun pourra, à sa manière, découvrir Sein par ses nombreux sentiers bordés de murets.
Ile de Sein